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En bref

Stanislawa, l’art de la curation au C12 : entre passion, transmission et basses rondes

Curatrice et DJ incontournable de la scène bruxelloise, Stanislawa défend une fête plus humaine, plus locale, plus accessible

  • Wendy Dofeza
  • 7 May 2025

Stanislawa, est une artiste queer visionnaire, vivant entre Bruxelles et Amsterdam. Fondatrice du collectif Deep Down East, elle tisse des ponts entre dancefloors et communautés avec un style musical qui mêle techno des années 90, trance onirique et house progressive.

Connue derrière les platines pour ses sets profonds, enveloppants et toujours audacieux, elle s’impose aussi, dans l’ombre, comme une figure centrale du clubbing bruxellois. En tant que co-curatrice du mythique C12, elle façonne la nuit avec une précision instinctive, mêlant passion, intuition et engagement. Elle partage avec nous l’envers du décor, sa manière de concevoir une programmation, ses obsessions sonores, et la scène locale qu’elle contribue à faire grandir.

Au-delà de son rôle de curatrice, Stanislawa est surtout une amoureuse du son et des rencontres autour. À la fois intense et solaire, elle dégage une force tranquille. Elle observe, ressent et agit avec justesse. Animée par une passion sincère, elle avance avec conviction, portant haut l'idée d'une fête plus libre, plus authentique, plus humaine. Toujours entre deux villes, elle incarne cette génération de bâtisseurs de l'ombre qui donnent une âme aux nuits qu'on n'oublie pas.

Du dancefloor à la programmation

« J’ai commencé à sortir au C12 dès son ouverture, en 2018, d’abord comme clubbeuse, puis comme DJ », confie-t-elle. C’est en 2023 qu’elle y joue pour la première fois, avant d’enchaîner les dates et de devenir une habituée des lieux. Rapidement, sa passion pour la scène et sa vision musicale attirent l’attention de Tom, membre du collectif Deep in House (fondateur du C12) et programmateur historique du club.

Son rôle de curatrice s’installe naturellement. Aujourd’hui, elle forme un trio de curateurs avec Tom et Herton, où chacun apporte sa sensibilité, son oreille, ses obsessions. Une manière collégiale de penser les line-ups, sans jamais trahir l’identité du lieu.

Mais c’est quoi, au juste, être curatrice au C12 ? Pour elle, « c’est un honneur, vraiment. Il y a un mélange de passion, de recherche, d’intuition ». Ici, ils « ne programme(nt) pas au hasard. Il y a une vraie direction. Le C12 est ancré dans la techno et la house, mais on s’éloigne des tendances d’accélération. » Ce que le club défend, « ce sont des DJ qui racontent quelque chose, qui osent sortir des codes tout en les connaissant. »

FOCUS LOCAL, VISION GLOBALE

La curatrice souligne qu'elle et ses collègues curateurs ne suivent pas les « tendances d'accélération ou de mainstreamisation ». Ils ont notamment déjà a proposé une soirée plus "hard", tout en gardant une ligne artistique claire. Stanislawa, Herton et Tom mettent d'ailleurs un point d'honneur à chercher « des DJ qui racontent une histoire, pas juste des enchaînements de bangers. »

En parallèle, elle et son équipe travaillent aussi avec beaucoup de collectifs queers, locaux et internationaux, en co-curation ou en takeover. Cela a pour objectif de créer « des safer spaces ». En effet, selon elle, donner de la place à la communauté, c’est aussi « respecter les origines du mouvement techno. »

Inspirée par les radios locales comme Gimic ou Kiosk, Stanislawa ancre son travail dans une culture du partage et de la découverte. À travers son engagement artistique et sa vision sensible, Stanislawa contribue à façonner une nuit bruxelloise, plus consciente. Entre respect des racines underground et désir d'ouvrir de nouvelles voies, elle nous rappelle que la fête, plus qu’un exutoire, est aussi un espace de création collective et d'émancipation.

Penser la soirée comme une narration

Pour Stanislawa, chaque line-up est une forme de storytelling : « Il faut penser les artistes au bon endroit, au bon moment. » Le dancefloor devient un lieu de libération, un espace narratif. En effet, les transitions de tempo, les textures sonores, les esthétiques, tout compte.

Ses obsessions ? « Les sonorités 90s, les synthés aux mélodies nostalgiques, les basses bien rondes, envoûtantes, les bonnes percussions. » C’est ce qui fait vibrer le sol et les corps.
Si elle devait résumer l’âme du C12 ? Underground. Communauté. Transmission. Trois mots qui nous dévoilent les valeurs intrinsèques du C12.

Et demain ?

Elle reste discrète sur les futurs bookings « je peux pas trop spoiler », sourit-elle, mais évoque une volonté d’explorer de nouveaux horizons, tout en restant fidèle au bon son underground. « Il y a une vraie identité musicale par ville, par genre, qu’on veut respecter. » Elle partage aussi une envie profonde de revenir aux set-ups originaux des dancefloors, décentraliser la place des DJs, et re-faire danser les foules ensemble plutôt que face à une scène.

La scène bruxelloise, en transition

La scène bruxelloise, selon elle, entre dans une phase de transition : « 2025 est une année importante. Il y a un recentrage sur le local. Il faut rendre la fête accessible, diminuer les prix. Il y a suffisamment de talents ici pour créer quelque chose entre nous. »

C’est dans cette optique qu’est née leur réponse face à la « crise du clubbing » et à la précarisation croissante des jeunes. Stanislawa, Herton et Tom ont d'ailleurs lancé les soirées "League Of Locals" à 10 euros l’entrée « avec un format plus resserré et des artistes exclusivement issus de la scène locale. »
Une manière concrète, selon elle, de « soutenir à la fois notre scène et notre public. »

Cette volonté d’inclusion et d’accessibilité s’incarne aussi dans un nouvel outil pensé pour l’été : les trois curateurs ont aussi mis en place un Summer Pass à 50 euros pour accéder à toutes les soirées du C12 de juin à septembre. Un geste fort, qu’elle voit comme « une façon concrète de garantir un accès démocratique au club. »

Crédits photos : Margot Lavigne

Crédits photos : Lena Ramzani




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