Draaimolen 2025 : Une scénographie unique en Europe
Le festival Draaimolen s’est déroulé à Tilburg du 4 au 7 septembre dernier sur le site du Mobilisatiecomplex (“MOB”) - ancien terrain militaire désaffecté depuis 2005 - et présente des spécificités remarquables en son genre.

La musique dialogue avec la nature et la lumière devient langage : chaque rayon, chaque reflet, chaque ombre raconte autant de choses que les artistes sur scène. Les sound-system sont quant à eux parfois importés de l’étranger et accordés à la perfection au genre proposé par chaque artiste. Preuve, s’il en faut, que le festival ne laisse rien au hasard. Les six scènes sont élaborées avec choix par des équipes variées et permettent d’ouvrir les portes d’une multitude d’émotions. Tout – son, lumière, scénographie – est réglé avec précision, l’expérience demeurant profondément personnelle. La scénographie ne s’impose pas à la nature, elle la prolonge ; de la même façon, elle ne s’impose pas au spectateur mais l’accompagne dans sa propre traversée. Les éléments naturels ne sont jamais détruits mais intégrés, comme des partenaires de jeu, pour donner naissance à des scènes uniques.
Tour d’horizon sur les différentes stages ayant marqué de leur empreinte cette édition 2025:
STROBE: C’est la mainstage de cette édition. Conçue en partenariat avec l’Architecture Social Club, elle présente cette particularité de suspendre 300 lumières au-dessus du public, comme un soleil artificiel qui traverse la danse et l’intimité. Les lasers, frappant les grilles depuis différents angles, créent un kaléidoscope de couleurs et de textures qui transcende la mainstage. Son point fort : Une scène aérée et dynamique restant conviviale, où chaque festivalier dispose d’un espace suffisant tout en faisant partie intégrante du show.
AURA: Recevant le label Timedance et équipée du dub system Sainai Sound - tous deux venus de Bristol - elle est LA stage expérimentale de cette édition 2025. Et c’est une (très) franche réussite : le mariage entre ce sound system et la bass music étant tout simplement parfait. En ce qui concerne les lights, Manami Sakamoto se charge de tisser à partir de la flore et de l’eau du MOB-complex un langage visuel organique, où LED et nature fusionnent pour inviter à l’abandon et à la curiosité. L’expérience est totale : fluide et exploratoire.
THE TUNNEL: Sanctuaire de techno pure, la stage vous plonge dans l’intensité industrielle tout en restant poétique : des arches métalliques, éclairées par Lumus Instruments, dessinent un club forestier où profondeur et rythme se confondent, chaque pulsation musicale guidant le mouvement des lumières comme une respiration mécanique mais vivante.
MOON: Nouvelle scène introspective, elle transforme la lenteur en révélations. Pour cause : un bras articulé soigneusement illuminé de 20 mètres de diamètre effectue un mouvement rotatif lent au-dessus du public. Le mouvement de la foule et des lumières fait de tout moment un instant unique qui ne peut être reproduit à l’identique, chaque reflet devenant une méditation sur le temps, l’espace et la lumière.
FOREST RAVE: Cachée dans le sous-bois du MOB-complex, cette scène distille l’euphorie des raves clandestines avec ses lasers et tissus d’organza. Le laser show à travers le feuillage des arbres a donné à cette scène une atmosphère unique en son genre.
THE PIT: La scène, creusée dans la terre, accueillait l'attraction phare de cette édition 2025: The Free Star. Diamant lumineux suspendu au-dessus de la foule, The Free Star se déplaçait à l’aide de câbles d’un coin à l’autre de la stage. Ce bijou de technologie signé par STÖD lasers a créé un véritable dispositif à 360 degrés flottant et se mouvant au-dessus de la scène, une première mondiale.

Sans surprise, Draaimolen est resté fidèle à son indépendance et à sa vocation non commerciale, ce qui lui permet d’offrir une expérience unique. Si nous avons pour habitude de mettre en avant le DJs et producteurs, nous avons ici décidé de mettre en lumière les artistes visuels, les scénographes et les technicien·ne·s qui contribuent (comme chaque année) à la renommée de Draaimolen. Si le festival se place aujourd’hui comme étant un incontournable de la scène underground, c’est en (très) grande partie grâce à eux.
La curation musicale 2025 était comme toujours remarquable, mais nous n’aurons de cesse de rappeler que l’alchimie du festival est surtout et avant tout due à la réelle symbiose existant entre vision artistique, ingéniosité technique et respect du lieu. C’est cette symbiose qui rend l’expérience unique : collective dans l’énergie partagée, mais profondément intime, chacun·e la traversant à sa manière.
Aujourd’hui, cet équilibre est menacé : Draaimolen risque de perdre le MOB-complex, ce site sans lequel le festival ne pourrait exister. Pas de lieu, pas de festival. Ce serait une perte immense pour la diversité musicale et pour une scène qui a besoin d’espaces d’expérimentation, loin des logiques commerciales. Alors, si vous avez déjà dansé sous les arbres de Tilburg, ou si vous rêvez de le faire, prenez un instant pour soutenir Draaimolen en signant la pétition en cliquant ici.

Crédits photos : Alicia Karsonopoero & Rafael Dimiionatis