Giorgio Moroder : « Je fais de la bonne musique de club parce que je ne vais pas en club »
Le pionnier du disco revient sur ses 50 ans de carrière
Avant sa toute première tournée The Celebration of the 80’s, le pionnier du disco Giorgio Moroder a échangé avec le quotidien britannique The Guardian sur l’impact de sa musique sur la culture club, son aversion pour les surnoms pompeux, l’opposition analogique / numérique, un mode de vie sain et son étonnant dégoût pour la danse.
Le producteur de 79 ans, à l’origine d’albums cultes qui sont entrés au panthéon de la dance music tels que ‘Love To Love You Baby’ de Donna Summer sorti en 1975, débute l’interview sur son dédain surprenant pour son titre de ‘Godfather of dance music’.
« Je n’aime pas que l’on m’appelle le parrain du disco, et de la musique électronique non plus d’ailleurs, explique-t-il. C’est toujours mieux que d’être simplement surnommé le parrain, mais je n’apprécie pas. »
Encore plus surprenant de la part de Moroder : il considère que sa plus célèbre production, la supernova ‘I Feel Love’ de Donna Summer n’est pas faite pour danser. « On ne peut pas danser sur ‘I Feel Love’, déclare Moroder. Il n’est pas très bien pour danser. » Au contraire, ‘Call Me’ (Blondie) et ‘Hot Stuff’ (Donna Summer) sont selon lui plus adaptées au dancefloor.
« Tu peux danser là dessus ?, demande-t-il à la journaliste Nosheen Iqbal à propos du morceau en question. Je n’aime même pas danser, mais ma femme danse pas mal. Ca doit être pour ça que je fais de la bonne musique de club - parce que je ne vais pas en club ! »
Avec cinq décennies d’expérience sous le capot – quatre Grammys, deux Golden Globes et deux Oscars – la vision intemporelle que porte Moroder sur sa production studio continue d’attirer l’attention des gros noms de l’industrie musicale. Après avoir travaillé avec Daft Punk sur Random Access Memories, Moroder a ensuite collaboré avec David Guetta, Avicii, Lady Gaga, Britney Spears, Sia et Kylie Minogue.
« La qualité du son est bien meilleure maintenant, dit Moroder à propos de la production d’aujourd’hui. J’adore le digital, j’étais l’un des premiers à l’utiliser ; le rendu est propre. Certains disent que l’analogique donne un son plus humain, mais si tu veux vraiment de l’analogique, tu ne peux pas l’avoir sur ordinateur. Pourtant, j’aime la dance et l’EDM - on ne l’aime pas tous, mais moi si. Tous ces nouveaux mecs, ils travaillent dur, je ne sais pas comment certains arrivent à le supporter. »
« Je discutais avec David Guetta récemment – il ne boit même pas de café ! s’exclame-t-il. Aoki fait du sport tous les jours et fait 150 shows par an, c’est hallucinant - tu ne peux pas boire ou te défoncer en travaillant autant. »
Moroder devra lui aussi faire preuve d’endurance. Avec 15 dates à travers l’Europe, la tournée The Celebration of the 80’s débutera en Angleterre avant d’arriver à Bruxelles les 9 et 10 avril, puis en Allemagne, à Budapest, en Italie et à Paris au Grand Rex le 22 mai.
Lorsque la journaliste du Guardian lui demande s’il appréhende cette prochaine tournée qu’il prépare depuis un an, Moroder ironise : « J’ai été en backstage toute ma vie, en studio, en arrière plan, mais moi, nerveux ? Absolument pas. »