L’ecstasy et la cocaïne seraient moins dangereux que l’alcool et le tabac
La Global Commission on Drug Policy appelle à la réforme des politiques publiques
Le dernier rapport de la Global Commission on Drug Policy (GCDP) indique que les substances illégales telles que l’ecstasy et la cocaïne peuvent avoir, à échelle individuelles et communautaires, des effets moindres que le tabac et l’alcool. En réaction, les experts de l’organisation non gouvernementale dédiée aux politiques internationales de gestion des drogues ont appelé à la reclassification de certaines drogues en fonction de leur risque social avéré.
La GCDP est composée de 14 anciens membres décisionnaires d’ONGs comme l’ONU, l’ONUDC et l’OMS. Ensemble, ils condamnent l’incohérence et l'inconstance des lois sur les drogues dures, basées sur des méthodes peu fiables et scientifiquement bancales, consistant à punir arbitrairement l’usage de certaines substances.
Le groupe a découvert que l’actuelle distinction entre substances légales et illégales ne relevait pas de recherches pharmacologiques irréfutables, mais pour une grande partie de leur histoire et de leur culture. Cette distinction déformée se nourrit de perceptions morales à propos d’une différence manichéenne entre drogue légale et drogue illégale.
La commission incite les gouvernements à reconsidérer le système de classification des drogues, et à trouver une manière de réguler le marché des substances illégales. Une étude de 2010 sur les dangers des drogues, à la fois pour les consommateurs et pour la société au sens large, a placé l’alcool au sommet de la liste des drogues les plus néfastes, bien avant l'héroïne ou le crack.
Dans la même étude, le tabac occupait également le haut du classement, avant la kétamine et la méphédrone, bien que cela ne coïncide pas avec les mesures coercitives mises en place pour chacune de ces drogues. Les parfaits exemples sont le LSD et l’ecstasy. Bien que considérés comme deux des drogues les moins dangereuses du rapport, elles sont aussi deux des plus réglementées à travers le monde.
Face à ce rapport, la GCDP recommande aux gouvernements de se diriger vers une politique plus rationnelle de planification, de contrôle et de réglementation des drogues psychotropes.
La Commission, basée à Genève depuis 2017, existe maintenant depuis 8 ans. Elle rassemble plusieurs experts des droits de l’Homme comme Ruth Dreifuss, l’ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, ainsi que des représentants de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de l’Office des Nations unies à Genève (ONUG) et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. La GCDP veut se positionner comme lien entre les organisations d’usagers et les chefs d’état, pour résorber le blocage du débat sur la question des politiques des drogues à l’OMS, l’organe fournissant les rapports permettant à l’ONUDC de publier ses directives internationales. En 2016, elle publiait un rapport qui a fait date : Pour une véritable dépénalisation des drogues : Étapes nécessaires de la réforme des politiques publiques.