Les rave parties sont illégales en Italie depuis 2022
De moins en moins de droits, de plus en plus de resistances

Le gouvernement de centre-droit conservateur de Giorgia Meloni aurait interdit les rave parties sur le territoire italien grâce à la loi dite du “decreto anti-rave”
Depuis 2022, en Italie, tout rassemblement festif non autorisé de plus de 50 personnes, qu’il se tienne dans un lieu public ou privé, est désormais passible de six ans de prison et d’une amende pouvant atteindre 10 000 euros.
Cette mesure, introduite par le décret anti-rave, a suscité de vives critiques de l’opposition, qui y voit une atteinte possible à la liberté d’expression.
Certains redoutent même que la loi ne soit étendue à d'autres formes de mobilisation, notamment les rassemblements étudiants, ce qui, selon eux, menacerait directement la démocratie.
C’est dans des villes comme Turin, Milan, Bologne et Rome que la scène rave italienne commence à prendre de l’ampleur dans les années 1990. À tel point que certains collectifs britanniques avaient élu domicile en Italie afin de fuir les lois de plus en plus restrictives contre les raves illégales dans leur pays. L’arrivée du collectif britannique Spiral Tribe joue un rôle clé dans ce développement : il contribue à diffuser la culture rave en Italie, en introduisant la culture du voyageur ainsi qu’une nouvelle esthétique, marquée notamment par les vêtements noirs et les dreadlocks. À son apogée, l’Italie accueille même la plus grande rave jamais organisée dans le pays : le Teknival de Pinerolo, dans le Piémont, en 2007, qui réunit près de 40 000 personnes.
Mais tout bascule en 2021, à la suite de la noyade d’un citoyen britannique le jour d’une rave party organisée à Valentano, sur un terrain appartenant à un entrepreneur alors candidat du parti Frères d’Italie, formation conservatrice dirigée par Giorgia Meloni. Bien que le jeune homme ait prévu d’assister à la fête, l’accident se serait produit avant le début de la rave, et n’aurait donc aucun lien direct avec celle-ci, comme l’a souligné sa famille.
Malgré cela, les médias italiens ont rapidement établi un lien entre l’événement et le drame, contribuant à une stigmatisation croissante des rave parties. Les raves sont désormais traitées comme une véritable chasse aux sorcières. Selon DJ Orz, membre de Kernel Panik, un collectif emblématique de la scène rave italienne, les autorités ont accusé les raveurs d’actes fictifs, évoquant la présence de chiens morts, de jeunes filles violées, ou d’autres faits graves. « Tout était inventé », a-t-il affirmé.
À la suite de ce décret, les Italiens ne sont pas restés silencieux.
Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les grandes villes du pays, notamment à Rome, Naples, Bologne, Palerme et Florence, organisé pour le mouvement Smash Repression. Des artistes comme DJ Orz ont continué à organiser des raves, estimant qu’il ne s’agit pas seulement d’un acte de contestation, mais d’un mode de vie qu’ils refusent d’abandonner.
Plus récemment, Smash Repression et d'autres mouvements d'activistes, tels que le Collettivo Gardesano Autonomo et Onda Studentesca, ont organisé la Garda Street Parade en mai 2025 : une grande parade festive mais aussi une protestation pacifique en région Vénétie. Lors de cet événement, plus de 3 000 personnes étaient présentes pour exprimer leur mécontentement face aux restrictions concernant l’utilisation de l’espace public, notamment en ce qui concerne l’organisation de rave parties.