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15 questions à : Enzo Siragusa

Le boss de FUSE repond aux questions de Mixmag France

  • Clark Engelmann
  • 2 December 2016

Enzo Siragusa est Dj, producteur et fondateur de FUSE - initialement des fêtes et after-party connues et reconnues au Royaume-Uni puis dans les clubs du monde entier et plusieurs très bons labels de musiques électroniques - . A l'occasion du huitième anniversaire de FUSE, il jouait à Paris avec ses acolytes, Archie Hamilton et Seb Zito. Mixmag France a eu la chance de l'interviewer dans les locaux de Rinse France, entre une émission radio et une soirée au Rex Club.


1) - FUSE célèbre cette année son huitième anniversaire, félicitations. Peux-tu nous en dire un peu plus à propos de la philosophie de FUSE ?

Derrière la philosophie de FUSE en vérité se trouvent trois choses ; le son, l’aspect communautaire et il y a les fêtes elles-même. Le son c’est comment nous avons évolué et nous nous sommes affirmés avec notre identité. La communauté ce sont les DJs et le publics, des amis réunis par la musique. Et la troisième partie de la philosophie c’est parvenir à trouver d’excellents endroits pour organiser les fêtes.


2) - D’après toi, pourquoi n’y a-t-il pas plus de promoteurs et d’organisateurs d’événements qui suivent cette philosophie ?

Je pense que c’est une question de coût, pour beaucoup d’organisateurs. Pour la majorité d’entres eux, la priorité c’est avant tout de faire de l’argent tandis que nous, nous suivons notre précepte… Parfois, on ne gagne pas beaucoup d’argent mais au moins on ne fait pas de compromis. Je book les DJ que j’ai envie de booker, souvent des résidents de FUSE. Pour le soundsystem, lorsqu’on organise nos événements, on ne va pas hésiter à investir non plus. Ce que tout le monde ne fait pas.


3) - Comment décrirais-tu ton « voyage musical à travers le temps » ?

Je pense que la Drum and Bass ou plutôt comme on l’appelais alors en 1993-1995, la Jungle - j’étais vraiment un gros fan de ce genre de sons - m’ont totalement ouvert l’esprit pour ainsi dire. J’ai l’expérience de la rave, la vraie, les typiques rave-parties qu’on organisait au Royaume-Uni dans les warehouse à cette époque ; ce son, ces lignes de basse, la musique était différente. Et c’est là que j’ai découvert la house et pleins d'autres musiques dans le même genre ; lorsque tu allais en rave à cette époque, dans la salle principale, on jouait du hardcore ou de la jungle, mais dans les autres pièces, on pouvait entendre de la house ou de la techno; C’est aussi comme ça que j’ai découvert énormément de DJs. Puis le clubbing a explosé au Royaume-Uni, on a commencé à inviter des artistes américains, des légendes comme Frankie Knuckles. Au même moment il y avait aussi des Djs comme Sasha, la progressive house apparaissait. Tout arrivait tellement vite en fait dans les années 90, tu entendais un nouveau son et tu étais comme un fou « wow, mais c’est quoi ce son, mec ? » Même avec la transe, tout était nouveau. Et forcement, j’achetais des disques de tous les genres aussi. C’est ça mon voyage, depuis la piste de danse jusqu'aux records shops.


4) - Comment définirais-tu ta musique aujourd’hui ?

Mmm, je ne sais pas vraiment… C’est une question difficile même. Je continue de dire que je joue de la house music. Ensuite, les contours peuvent être très flous entre la house et la techno, parfois dub-techno. Je n’aime pas étiqueter, c’est comme la micro-house, tout le monde parle de micro-house aujourd’hui. Mais qu’est ce que ça veut dire exactement ?


5) - Quel est le premier morceau qui a eu un impact sur toi ?

Comme je t’ai dis, en 1993 la Jungle était partout.. Beaucoup de tracks Jungle m’ont marqué mais s'il y devait en avoir un en particulier, ce serait Atlantis de LTJ Bukem, celui-là m’a vraiment touché.


6) - Et le dernier morceau que tu as acheté ?

Et bien, j’ai reçu une livraison ce matin, j’ai acheté deux disques sur Juno (ndlr : shop de disques en ligne anglais bien connu des Djs & des diggers) hier. L’un des deux c’est le dernier Trelik, de Jonno & Tommo, je tenais vraiment à jouer ce disque à la radio ce soir.


7) - Que fais-tu quand tu n’es pas en train de mixer-produire-organiser des infamous after parties (ndlr : c'est sur ces fameuses infamous after-parties que FUSE a construit sa réputation).

Ca ne laisse pas beaucoup de temps libre - rires -… Je dors un peu, je passe du temps avec ma famille, je promène mes chiens, j’essaie d’être un type normal.


8) - Si tu en avais l’opportunité, avec qui collaborerais-tu aujourd'hui ? Et pourquoi ?

Et bien ce serait probablement LTJ Bukem. Beaucoup des morceaux qu’il a produit m’ont vraiment influencé, à un âge très jeune, j’avais seulement 15 ans. J’adorerais voir comment il produisait sa musique à l’époque, qui sait peut-être apprendre aussi quelques unes de ses techniques.


9) - Tu as commencé à jouer très jeune. Quels sont les changements principaux que tu constates aujourd’hui ?

C’est beaucoup plus facile aujourd’hui - rires - C’était super dur de trouver une occasion de jouer. Maintenant, j’imagine que c’est possible de mixer sur son iPhone. Enfin que les débuts sont bien plus faciles maintenant. Il n’y a vraiment rien de mal à utiliser d’autres supports, simplement qu’à l’époque c’était un peu plus compliqué de percer.


10) - La ville de Londres a récemment perdu le club légendaire fabric, comment cela t’a-t-il affecté ?

C’est… c’est triste. Quand j’y pense, quand je pense à ce dont j’ai parlé dans cette interview, la musique, les fêtes, et bien je me dis que c’est tout un pan de notre culture qui est menacée. La gentrification (ndlr : phénomène qu’on pourrait traduire en français par « embourgeoisement urbain ») change la ville de Londres, des personnes déménagent. Lentement mais surement il y a moins de clubs et donc moins d’opportunité de grandir dans cette ambiance. Où vont jouer les DJs à partir de maintenant ? Où est-ce que le public va apprendre, et écouter et s’éduquer comme moi j’ai pu le faire il y a vingts ans ? On est dans une impasse et c’est vraiment triste.


11) - Dans un autre genre, l’Amnesia vient de perdre sa late night license, est-ce que tu penses que c’est la fin d’une époque ?

Je pense que cette époque est révolue depuis déjà un moment, peut-être 2007-2008, sur l’île, lorsqu’on a interdit les 24 hours parties. Le retrait de la licence de l’Amnesia d'après moi, c’est encore un événement supplémentaire qui arrive. Et comment je me sens par rapport à ça ? Et bien je dirai que l’île est en perpétuel changement, j’y vais depuis 1996 et j’y ai vu tellement de choses changer. Comme on dit "quand une porte se ferme, une autre s’ouvre", "chaque fin est un nouveau début".


12) - Tu collaborais il y a peu avec les producteurs roumains Livio & Roby, que penses-tu de la « techno roumaine » ?

J’adore ce courant musical, tellement cool à écouter. J’aime la musique en elle-même. Il y a beaucoup de breakbeat, et je viens du breakbeat par la DrumnBass et la Jungle. Il m'arrive d'ailleurs parfois de passer des tracks roumains plus vite, pour les mixer comme de la Jungle. J’aime le son, j’ai une réelle affinité avec. J’aime aussi la scène roumaine, ses producteurs, Cristi Cons parexemple, un de mes amis et un excellent producteur, comme Livio et Roby… J’ai beaucoup appris d’eux en studio. Il y a beaucoup de passion et d’énergie qui se dégagent de la scène roumaine comme du son roumain et c’est une excellente chose.


13) - Classique ; quel est ton meilleur souvenir de DJ ?

Mmm… Je pense, à l’heure d’aujour’hui et même s'il y a en beaucoup, que c’est avoir fait le dernier closing de la terrasse de l’Amnesia en back-to-back avec Seb Zito, c’était vraiment un moment spécial.


14) - Quels sont les artistes sur qui on devrait garder une oreille en ce moment ?

Tous les artistes de FUSE - rires - Non, plus sérieusement, en ce moment il y a des types très cool, des français d’ailleurs, Zendid. J’aime beaucoup leur musique. Ils ont signé un EP récemment chez FUSE d'ailleurs, mais même en général, toute la musique qu’il font est d’un niveau supérieur. Il y a Fabe aussi ; Il y a énormément de nouveaux talents en fait. Enormément !




15) - Dernière question, d'après toi, à quoi ressemblera FUSE dans 8 ans ?

Et bien, ça sera plus ou moins la même chose je pense ; je veux faire des fêtes encore plus folles. Je suis vraiment fier que presque tous les tickets de la tournée d’anniversaire de FUSE soient sold out. Je souhaite vraiment garder cette vibe, cet esprit. J’aimerais aussi avoir un grand catalogue de musique qui, je l’espère, inspirerait le public comme moi j'ai pu être inspirer. Continuer aussi à jouer comme Dj. J’aimerais enfin qu’on ait tous bien consolidé nos carrières et qu’on ait tous produit d’excellent disques.

Ecoutez son dernier Essential Mix sur Radio 1 - BBC. et les snippets de son dernier EP, Hard Steppers chez FUSE, juste en dessous.


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