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Flex : Évolution d'une radio pirate à Londres dans les 90's

La radio pirate de Londres

  • Marie-Charlotte Dapoigny
  • 23 August 2016
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La clandestinité

De jeunes animateurs, DJs et MCs se relaient au micro et platines pour diffuser et présenter toute la journée la musique des raves de l’époque: hardcore, classic house, breaks, garage, jungle & drum n’ bass. Les radios pirates fleurissent, sans pour autant être légales.

La DTI (police des radios anglaise) se montre dans un premier temps assez laxiste avec les jeunes radios si elles jouent le jeu et n’intégrent pas trop de publicité à leurs programmes. Et tant que les équipes n’opposent pas de résistance lorsqu’elle passe confisquer leur matériel : transmetteurs, antennes et bande de fréquence.

Billy Howe confie: « Les transmetteurs étaient chers, environ 300£ pièce, et certaines semaines ils pouvaient passer jusqu’à trois fois de suite nous les confisquer, alors qu’à d’autres moments ils pouvaient nous laisser tranquilles pendant des mois. » Pour échapper à la censure, ils s’adaptent, multiplient les lieux de diffusion, déplacent les antennes régulièrement, se réunissent dans les lieux les plus précaires comme les toits d’immeuble. Le cachet des DJs et la publicité financent l’achat et l’entretien du matériel, maintenant leur existence précaire. Certains animateurs utilisent le label des radios pour organiser leurs propres soirées alternatives, et se rémunèrent sur le prix des entrées. Les autorités ferment les yeux, et les évènements se déroulent sans problème. Le public afflue en nombre à chaque fois. La plupart des animateurs se contentent de leurs cachets de DJs le week-end pour survivre.

(Soirée organisée par Billy Wizz, Vauxhall, Londres, 1998)

Billy a rejoint l’équipe de Flex FM en 1996, à peine majeur. « C’était un vrai mode de vie. Comme faire partie d’une famille : nous passions tout notre temps ensemble sur des toits d’immeubles et en studios, et tous les animateurs de la radio deviennent rapidement très proches et très soudés, tu les considérais vite comme des membres de ta famille. »

Des liens tenaces se créent, mais des rivalités aussi. Les radios s’entre-déchirent pour l’accès aux ondes libres qui se font vite denrées rares en ville. Plus une radio gagne en popularité, plus sa fréquence devient intéressante : il lui faut alors déployer tous les moyens possibles pour rester en place. Parmi les plus enviées, Kool FM, Dream FM, Flex FM et Don FM, souvent aidées dans leur ascension par leur ancienneté et leurs invités de légende.

La rivalité monte entre les stations, et l’équipe de Flex FM se retrouve parfois dans des situations dignes d’un film de gangster : vols de matériel, sabotages, représailles, courses poursuites en voiture, échanges de coups de feu. A la fin des années 1990, Billy voit sa voiture criblée d’une trentaine de balles et deux de ses amis blessés à la suite d’un affrontement entre radios pour une affaire de vol de fréquence.

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