Les ventes de cassettes ont doublé en 2018 : peut-on parler d'un come-back ?
« Les DJ tapes avaient du sens… Il n’y a pas de règle concernant le BPM »
Les ventes de cassettes ont quasiment doublé cette année, évoquant une forte demande de ce format par rapport aux années précédentes. Mais peut-on autant parler d’un come-back ?
Selon Official Charts, les cassettes ne représentaient qu’un minuscule 1% des ventes musicales en Angleterre en 2017, avec quelques 22 000 copies vendues. Un chiffre dérisoire quand on sait que 27 ans plus tôt, les cassettes dominaient le marché. Si c’est loin d’être le cas de nos jours, le format connait une résurgence notable depuis 2015, en doublant ses ventes chaque année. En 2018, cette croissance est plus forte que jamais avec près de 18 500 copies écoulées en 6 mois seulement. À cette période l’an dernier, on parlait de 9 573 pièces vendues. Ceci ressemble tout bonnement au come-back de la cassette chez les disquaires, n’est ce pas ?
La raison de cette recrudescence en 2018 s’explique par la mainmise de bon nombre de sorties mainstreams sur le marché des collectionneurs et des amateurs de musique. La meilleure vente de cassettes l’an dernier s’est faite sur l’album Golden de Kylie Minogue, distribué en édition limitée en coloris or pailleté, alors qu’elle s’apprêtait à jouer au Berghain, avec 2 847 exemplaires écoulés. La seconde est celle de la B.O. du film Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, suivi de près par les albums de Snow Patrol Wildness et de 30 Seconds to Mars America.
À l’instar de la résurgence des vinyles, ce sont donc les sorties populaires qui se vendent le mieux à défaut des cassettes de musique underground telles que celles des labels Opal Tapes, 100% Silk, Awesome Tapes From Africa, Whities, Pale Master, Handmade Birds et bien d’autres. Ceci dit, l’attrait pour les cassettes se fait ressentir du côté des auditeurs et des collectionneurs.
Helena Hauff, qui a récemment délivré un mix épique pour Mixmag, a sorti la première de son album intitulé ‘A Tape’ sur cassette uniquement en 2015, via Handmade Birds et Dark Entries, ce qui a aidé à sacraliser le format - alors vendue autour de 40 €.
Le goût du public pour les cassettes est en plein essor, mais l’inconvénient réside dans sa jouabilité, bien moins élevée que les autres supports. La qualité du son n’est pas aussi élevée que sur les vinyles ou le digital, un point faible. Au-delà de ça, ce n’est pas un format que les DJ peuvent aisément utiliser à moins d’être sorcier comme Awesome Tapes From Africa, qui use de la magie dans le DJ booth avec pour unique matériel des lecteurs cassettes et un mixeur. Il a fameusement dit « Les DJ tapes avaient du sens…… Il n’y a pas de règle concernant le BPM ». Reste encore à faire comme lui au moment voulu...
Il est certain que les cassettes ne regagneront jamais leur place dominante dans l’industrie musicale. Pour le moment, si un individu veut écouter de la musique, les chances que celui-ci se tourne vers ce format sont minimes, en particulier à cause du streaming qui domine l’industrie.
Même si ce n’est pas vraiment ce qui affecte le choix d'acheter une cassette. Bien sûr, certains veulent l’écouter, mais avoir la musique en format physique est le point le plus attractif pour la tangibilité du produit. C’est sûrement la raison principale qui pousse les gens à se tourner vers les cassettes.
Nouveauté sur la marché - certes rétro - mais avec l’augmentation des ventes, qui peut affirmer que ce format est mort ? Les chiffres ne mentent pas.
La preuve, The Prodigy s’apprête a sortir leur prochain album 'No Tourists' sur ce format. Pourtant, le Big beat était-il fait pour les cassettes ? Pobablement pas.