La communauté s'est serrée les coudes pour tenter de sauver Micro Love du naufrage
L'équipe et la gérante du site se confient et remercient les personnes présentes pour leur soutien
Les détails de l’affaire Micro Love Festival continuent de sortir. Alors que le principal instigateur de l’arnaque Léon Kaisala reste introuvable et injoignable, une communauté entière s’est levée sur les réseaux sociaux pour protester face aux agissements d'un individu qui perpétuait des fraudes depuis plusieurs années (falsification de documents, impayés) dans le monde de la nuit. L’équipe du Micro Love Festival, composée de 9 autres personnes, s’est faite bernée par Léon Kaisala et c’est ensemble que pendant presque deux jours, ils ont tenté de maintenir contre vents et marées l’événement qu’ils avaient contribué à organiser.
« Le projet était très intéressant, il nous apparaissait évident que pour un festival d’une telle envergure, il fallait prendre ses dispositions. C’est pourquoi nous avons pensé (peut-être naïvement) que l’organisateur allait gérer la seule chose qu’il avait vraiment à gérer : l’apport financier ».
L’organisation du Micro Love Festival parle d’une seule et même voix. Ce week-end, plusieurs semaines de travail acharné ont tourné au fiasco. Ils contactent les prestataires et mettent en place un évènement qu’ils voulaient festif et bon enfant. Chacun possède des responsabilité distinctes, pour eux Léon est la seule personne en mesure de gérer ce point. Il les a contactés pour ce projet et a déjà plusieurs années d’expérience dans l’événementiel. « Nous n’avions aucune connaissance des antécédents de l’organisateur, même si certains nous mettaient en garde ».
Selon les témoins déjà interrogés, c’est ainsi que Léon Kaisala opère. Il monte une équipe et sur leur dos, leurs finances et leur honnêteté, perpétue son arnaque. Lorsque l’équipe comprend que les choses n’iront pas comme elles le devaient, il est déjà trop tard. Les prestataires et les festivaliers sont arrivés, le festival a commencé. L’équipe se sert les coudes pour que Micro Love garde le peu de dignité qui lui reste.
« Les bénévoles ont été géniaux ! Dans la situation dans laquelle ils étaient, baisser les bras aurait été facile. Mais pour l’amour de la fête, ils nous ont aidé à porter le festival à bout de bras ».
L’organisation Enklo, créatrice de projets qui promeuvent le travail d’artistes pro et amateurs, met tout en oeuvre pour maintenir une bonne ambiance. Les Sœurs Malsaines, collectif pluri-artistique parisien, maintient sa scène jusqu’au bout dans une bonne humeur saluée par l’organisation. Les prestataires food New’s Cool, Moodiz, La Fringale Perchée ou encore le Camion qui fume ne ferment pas leur cuisine par respect pour les festivaliers présents. Le week-end est turbulent mais laisse place à des valeurs fortes et digne d’un vrai petit festival.
« Une solidarité assez ouf s’est formée au fur à mesure que la nuit avançait et que les galères s’accumulaient autour du staff, et on est très reconnaissant de cela ».
Les festivaliers, qui avaient payé leur place et leur transport, qui avaient misé sur un week end festif, jouent le jeu. Les artistes, conscients qu’ils ne toucheront jamais aucun cachet, se serrent les coudes et jouent sur une scène vétuste. Lorsque le système son découvre que sa facture a été falsifiée de 50 centimes pour 500€, ils montent ensemble une cagnotte pour les inciter à rester car sans sono, le festival est mort et enterré.
Face à ce désastre, la propriétaire du domaine met aussi la main à la pâte et laisse la possibilité aux festivaliers et à l'organisation de rester. « Quand la gendarmerie et le maire sont passés je suis donc allée les voir pour leur expliquer que je n'étais pas l'organisatrice cette fois-ci et que je constatais que le festival n'était pas encadré et que par conséquent, les gens étaient en danger. J'ai choisi de sécurisé les gens et nous avons convenu avec mon équipe que même en étant pas organisateurs, on ne pouvait pas fermer le site et laisser des gens livrés à eux mêmes sans moyen de rentrer chez eux au milieu de rien ».
La jeune femme rachète des stocks de soft, de bières et ouvre les points d'eau du domaine pour que les gens, par 30°C, puissent se rafraîchir. Les bénévoles, qui n'ont eu qu'un seul repas en un jour et demi, sont nourris et une équipe de sécurité et un nouveau bar sont mis en place. Le peu d'argent récolté est reversé aux prestataires en compensation. De 8h à 14h dimanche matin, l'équipe du Manoir Inspiré fait des allers-retours entre le site et la gare pour rapatrier les 450 personnes sur place.
L'acte est salué par l’organisation du festival qui met à exécution toutes les initiatives mises en place. Mais la jeune femme responsable du Manoir Inspiré, consciente de la supercherie orchestrée par Léon et du désarroi de son équipe, se retrouve aujourd’hui démunie face au monticule de travail qu'il lui reste sur le site et a lancé un appel à bénévoles pour tout remettre en ordre.
« Il a transformé mon domaine en déchetterie géante et les choses commencent à s'améliorer uniquement grâce à la bonne volonté des gens et de l'organisation », déplore la jeune femme.
Le Micro Love festival est loin d’être une affaire conclue. Des procédures vont être engagées contre Léon Kaisala par la propriétaire du domaine mais aussi par ses précédentes victimes, selon les membres de la communauté mauvais payeurs. Quant aux membres de l’équipe d’organisation de l’événement, leur seul souhait serait que les victimes soient dédommagées pour que cette histoire connaisse une fin honnête.
« Nous ne voulons en aucun cas avoir de contact avec Léon. Il nous a de toute façon pour la plupart bloqués sur les réseaux sociaux. Pour le moment, nous voulons juste que les prestataires présents sur place ainsi que les différentes parties prenantes soient remboursées. Pour ensuite tourner la page. »
Crédits :
Photo : Florian Nada lors du festival Down to The Wood au manoir Inspiré.
Propos recueillis par Camille-Léonor Darthout