Nuits sonores 2020: « On a compris que cette date était trop tôt pour maintenir le festival »
Entretien avec le directeur d'Arty Farty
Les équipes d'Arty Farty, organisatrice du plus célèbre des festivals électroniques lyonnais, ont pris la décision de reporter sa 18e édition. Initialement programmée du 19 au 24 mai 2020, elle se déroulera finalement du 22 au 26 juillet 2020 à Lyon. Lors d'un entretien téléphonique, son directeur Vincent Carry nous explique qu'il y avait « une prise de risque si l'épidémie était amenée à se prolonger plus longtemps que ce qu’on l’imagine aujourd’hui.»
« Au fur et à mesure que les épisodes de la pandémie se sont précisés, on a compris que cette date là était trop tôt pour maintenir le festival sur ce créneau », ajoute le directeur du festival Nuits Sonores.
Ce choix a pour but de protéger les emplois du festival : « à l'échelle d’Arty Farty, c’est 35 emplois. Mais dans notre écosystème et nos lieux, avec Le Sucre, Heat, les usines Fagorbrandt, l'Hotel 71 ... c’est 110. » S'ajoutent à ça des emplois indirects : prestataires, intermittents, techniciens, de gens qui font la captation, le catering, la sécurité. « L’idée c’est de préserver ces emplois, c’est une préoccupation qui nous habite. »
À l’inverse d’autres festivals français et européens annulant purement et simplement leurs dates en juillet, Vincent Carry explique que le festival possède un atout majeur : « il n'est pas dépendant des grandes tournées internationales comme les grands festivals anglais, belges ou hollandais. On est dans une relation plus étroite avec les artistes. Ces gros festivals sont très dépendants de leur têtes d’affiche, sans eux ils ne peuvent pas continuer. Nuits Sonores ne repose pas sur 3-4 grands noms. »
La flexibilité du festival le sauve : « Le format est en permanence évolué, retravaillé, repensé, on a l'habitude de faire évoluer l’objet Nuits sonores, à la différence d’autres festivals qui sont plus statiques dans leurs formats. » L’équipe artistique a passé beaucoup de temps à dialoguer avec les agents d'artistes pour voir qui était en capacité de les suivre pour ces nouvelles dates et permettre de conserver un maximum du line-up original.
Le directeur d'Arty Farty souligne la solidarité de la part des artistes, alors qu'« ils sont eux-mêmes mis en difficulté. Si les salles clubs et festivals doivent fermer ou disparaître pour raison économique, c’est tout le tissu de diffusion de ces artistes qui est mis en danger. »
Nuits sonores a également pu compter sur le soutien des ses partenaires : « Un certain nombre de festivals ont du jeter l'éponge du fait du renoncement de certains partenaires privés, et pour nous ça n’a pas été le cas : tous nos partenaires nous suivent. »
Le public a bien réagi à l'annonce du report : « Il y a pas mal de nos concitoyens qui ont un vrai attachement à la vie culturelle de leur pays, de leur ville, qui pensent que les acteurs culturels et les médias sont frappés de la même façon. Il y a une solidarité qui est la même entre les festivaliers et les lecteurs de médias.» La direction reste confiante : « au moment où l'épidémie est apparue et que tout s’est arrêté, on était sur un socle de préventes historiquement haut ».
L'équipe d'Arty Farty souligne vouloir maintenir « l’esprit » si particulier du festival : « Nuits sonores, c’est tout ce qui fait le charme du lien social, alors qu’on est dans un moment de distanciation sociale pour lutter contre une épidémie, c’est un foisonnement de vie. Au delà de la programmation, c’est une effervescence sociale.»
Dans un communiqué Facebook, le festival indique que les détenteurs de tickets et pass peuvent les utiliser lors de ces nouvelles dates du festival. Quant à ceux qui préféreront se faire rembourser, un mail leur sera envoyé avec les modalités de remboursement le 16 avril 2020. À cette même date, le format définitif du festival sera dévoilé.
En espérant que la ville Lumière va pouvoir reprendre vie cet été au son du festival, le festival souhaite « que ça pourra offrir une inspiration à tout le monde après cette période extraordinairement compliquée. »
Crédits : photos Brice Robert
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