Berlin: Le Sénat allemand vote pour le testage des drogues en club
L’État financera l’opération à hauteur de 150 000€
À l’heure où les cachets d’ecstasy atteignent des sommets de concentration historiques et que les alertes sanitaires se multiplient sur des substances dangereuses ou mal cataloguées sur le dark net, l’Allemagne a décidé d’agir et de faire de la santé des usagers sa priorité : dans les clubs, il sera désormais possible de tester le dosage et la pureté des stupéfiants.
C’est la coalition gouvernementale de gauche Rot-rot-grüne (rouge-rouge-vert), rassemblant le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), le parti écologiste et Die Linke qui a porté depuis fin 2018 cette mesure préventive, une première dans une ville allemande. Le 25 juin 2019, le Sénat a voté pour l’application de l’opération, qui sera financée par l’État à hauteur de 150 000€.
Une victoire pour les associations de la capitale, qui luttent depuis les années 1990 pour le testage. Si la date exacte de sa mise en place reste encore à déterminer, elle est attendue à l’automne 2019. Trois organismes œuvrant pour la réduction des risques sanitaires liés à l’usage, Eclipse, Fixpunkt et Vista, travailleront sur le projet.
Niklas Schrader, porte-parole pour les questions liées aux drogues du parti de gauche, s’est félicité de cette avancée, une « étape importante » qui est « toujours plus effective que la criminalisation des consommateurs ». Sa collègue du parti vert Catherina Pieroth a ajouté : « Seul le testage permet aux usagers de savoir ce qu’ils prennent ».
En 2018, 191 usagers de drogues ont perdu la vie à Berlin, contre 168 en 2017. « Le but principal du projet est de toucher les consommateurs de drogues en amont pour éviter les overdoses et obtenir de nouvelles données scientifiques sur la consommation et le marché de la drogue à Berlin, a déclaré Dilek Kalayci (SPD), sénatrice de Berlin pour la santé. Nous allons également doubler les fonds pour 2020/2021 afin que le projet puisse aller de l'avant ».
Le test de drogues est déjà présent plusieurs grandes villes européennes. Légal en Autriche depuis une vingtaine d’années et également pratiqué en laboratoire à Zurich, de plus en plus de festivals anglais ont également adopté le testage anonyme pour prévenir les risques sanitaires et les décès liés à l’usage de substances surdosées ou mal identifiées, notamment grâce à l’intervention de l’ONG internationale The Loop. En octobre 2018 en France, la Mairie de Paris a alloué 80 000€ de son budget participatif annuel au projet DrugTruck, le camion de testage de Techno+.
En juillet 2017 dans un communiqué commun, l’ONU et l’OMS ont fait bloc dans un appel officiel à la décriminalisation des drogues dans les états membres, plaidant pour la « révision et abrogation des lois punitives qui ont prouvé avoir un impact négatif sur la santé des patients. »
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