Olivier Véran: “La France a décidé de ne pas rouvrir les discothèques”

Des clubs, discothèques et établissements de nuit réunis dans le comité de filières “Nuits, lieux musicaux festifs et de vie” avaient présenté une liste de garantie sanitaires au gouvernement, en vue d’une potentielle réouverture au 10 juillet. Mais Olivier Véran vient de mettre fin à l’espoir d’une issue prochaine cet après-midi à l’Assemblée Nationale.

Le 1er juillet dernier avait eu lieu une réunion interministérielle pour adresser la situation des clubs et discothèques de France. À cette occasion, des syndicats représentant les intérêts des discothèques comme le SNDLL, l’Umih, avaient proposé un plan de relance et une réouverture rapide avec un strict protocole sanitaire. De nombreux médias nationaux ont depuis relayé la date du 10 juillet, veille de la levée de l’état d’urgence sanitaire dans le pays, pour une potentielle réouverture. Le Conseil de défense sanitaire, en présence de M. Macron, devait rendre sa décision cette semaine.

Lors de la session des questions au gouvernement ce jour à l’Assemblée Nationale, Mme Josiane Corneloup (LR), députée de Saône et Loire, a adressé une question au Premier Ministre :

« Seules les discothèques font à ce jour l’objet d’une fermeture administrative, contrairement aux cafés-restaurants (…). J’ai reçu les gérants des discothèques de ma circonscription, qui m’indiquent qu’une fermeture jusqu’au 21 septembre, comme semble le prévoir le gouvernement, entraînera le dépôt de bilan de 90% des établissements installés en Saône et Loire.

À l’échelle du pays, ce sont 1 600 discothèques et 120 000 emplois directs qui sont menacés […] la tenue de fêtes clandestines organisées à partir de soirées privées, sur le net […] Ce sont des milliers de jeunes qui se réunissent lors de fêtes improvisées dans lesquelles aucune mesure de protection sanitaire n’est respectée »

En réponse, Olivier Véran (LREM) réfute la notion d’un “ostracisme” du secteur de la nuit. Le Ministre des Solidarités et de la Santé cite la réouverture récente d’un club en Suisse ayant mené au confinement de 300 personnes, ainsi que les règles strictes imposées en Allemagne, avant d’asséner un nouveau coup de massue pour les professionnels qui comptaient sur une réouverture estivale :

« La France a pris la décision de ne pas rouvrir les discothèques en l’état compte tenu de la situation sanitaire. Ce n’est pas la faute des acteurs du monde de la nuit, ce n’est pas non plus la faute des personnes qui dansent et qui font la fête […] c’est la faute à [sic] un virus qui circule »

« nous voulons accompagner les acteurs du monde de la nuit. Personne ne peut survivre à la fermeture d’une activité économique pendant sept mois, vous avez raison. […] Mais le gouvernement (…) n’a laissé mourir personne (…) depuis le début de la crise (…). L’état sera au rendez-vous pour venir en aide aux acteurs du monde la nuit. »

Fin juin dernier, Olivier Véran avait ironisé sur la fermeture des clubs en lançant aux sénateurs : « J’aime aussi, surtout quand l’été vient, pouvoir aller danser ». Une tournure dont la légèreté a crispé les professionnel·le·s d’un secteur sinistré par la fermeture administrative imposée aux établissements par le conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) depuis mars 2020.

« J’ai conscience des fêtes clandestines, j’ai conscience des bars qui ne jouent pas le jeu, il faut qu’il y ait du contrôle », conclut le ministre à l’Assemblée. Les mesures compensatoires n’ont, quant à elles, toujours pas été précisées par le gouvernement, face à une industrie qui s’impatiente : l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) avait menacé fin juin d’intenter un recours au Conseil d’État contre cette décision.

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Photo en une : "Montréal, QC" by JasonParis is licensed under CC BY 2.0
Texte : @MarieDapoigny