'Air Libre', une grosse soirée multi-collectifs pour interpeller les pouvoirs publics et sauver la nuit nantaise
Un débat public et une soirée pour faire bouger les lignes
« Où sont les évènements qui bousculent, qui interrogent, qui dérangent ? Attachés au poids de l’administration ? » c'est une des phrases choc que l'on peut lire dans le Manifeste co-écrit par 20 collectifs et 30 artistes de la ville de Nantes. L’évolution de la vie culturelle libre est menacée, bridée par les réglementations et les frais. Les acteurs culturels nantais lancent un appel d’urgence et organisent ce samedi 29 février un événement gratuit intitulé “Air Libre” sous les Nefs.
Le projet permettra d’alerter les pouvoirs publics sur les problématiques liées à la création d’événements en rassemblant le plus de monde possible autour d’une table ronde et d’une grande soirée. La fête sous les Nefs accueillera plus de 20 artistes de 19h à 01h qui représenteront chacun des collectifs, tous genres confondus : du hip hop à la musique électronique, et toute une partie dub sous la houlette de la culture soundsystem nantaise.
Le grand débat sera ouvert au public, avec la présence des candidats à la mairie de Nantes et sera conduit par des acteurs de la scène culturelle à qui l’on doit ce manifeste, dont Olivier Bruneau (Association Get Up! - Dub Camp Festival Officiel); Eric Boistard (Stereolux - Festival Scopitone) ; Nicolas Viande (PACO TYSON - Sweat Lodge) ; et Nicolas Bénardeau (Big City Life - Block Party Prod). Ce dernier nous a expliqué par téléphone les grandes lignes du projet “Air Libre”.
« Toutes les structures culturelles de Nantes avaient les mêmes problématiques, la sécurité des lieux, la location d’espaces », et ont eu l’idée de mettre sur papier leurs revendications dans ce Manifeste. Ils ont pu en extraire 5 grandes thématiques et leurs solutions, « des mesures phares » qu’ils vont soumettre aux candidat·e·s samedi.
Le premier point est l’accompagnement : les acteurs culturels de la ville veulent un interlocuteur, un “guichet unique” pour lier chaque structure entre elles. Ainsi que la mise en place d’un Conseil de l'événementiel, une nouvelle entité différente du Conseil de la Nuit nantais déjà existant, beaucoup plus général. « On veut quelque chose d’axé sur le culturel » souligne Nicolas.
En second plan, l’utilisation des lieux et espaces, avec l'instauration d'une charte permettant d’occuper des espaces non exploités ou partiellement exploités par des associations, à l'image des Grands Voisins à Paris.
La sécurité est un point crucial pour les gros événements : les réglementations s'accumulent et les frais montent en flèche. Depuis la mort tragique de Steve Maia Caniço à la Fête de la Musique, les mesures de sécurité au bord de l'eau demandent un dispositif de taille. Les signataires du manifeste sont dans l'événementiel depuis plus de 10 ans et connaissent les réglementations sécuritaires. Pour Nicolas Bénardeau « On demande à la municipalité de prendre en charge ces coûts comme elle le fait déjà en nous prêtant du matériel. Sinon l’argent que l’on peut avoir sur des subventions ou des recettes de bars va servir uniquement à payer des agents de sécurité. ».
Et enfin le problème des autorisations clos le manifeste, difficiles à obtenir. Il faudrait selon les collectifs assouplir les réglementations pour que les petites structures puissent monter un dossier complet rapidement. Autre revendication des collectifs : permettre de créer plus facilement des événements après minuit pour ne pas cloisonner la vie nocturne nantaise.
Toutes ces revendications, si elles aboutissent à un réel changement, pourront faire perdurer le rayonnement de la ville de Nantes et de sa culture aussi libre que diverse.
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